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Bienvenue dans mon petit monde. Je dédie ce blog à tous ceux qui, comme moi, aimeraient que tout commence par " il était une fois...". De la lecture à l'écriture, il n'y a qu'un pas, dit-on. Certes, mais il n'est pas aisé à accomplir. Et à quoi servirait d'écrire si ce n'était que pour soi ? Alors, je vous propose de venir découvrir des extraits de mes livres, mes nouvelles et mes poèmes. Humour, tragédie, Fantasy, j'espère que vous trouverez un univers qui vous correspond. Et n'hésitez pas à me laisser un petit commentaire. SOPHIE

LE PETIT PAUL

LE PETIT PAUL

Paul n’était pas un garçon comme  les autres.

Enfin, c’est comme cela que lui-même se percevait.

Petit pour son âge -huit ans-  fluet, presque maigre, il était constamment l’objet de moqueries de la part des autres garçons de sa classe.

Au foot, sport qu’il détestait entre tous, on le traitait de minus et, comme il ne jouait pas bien, personne ne voulait de lui dans son équipe. Même le professeur d’éducation physique ne pouvait s’empêcher de lancer des sous-entendus sur ses faibles capacités sportives.

Son père essayait de lui donner le goût des « sports d’hommes », comme il disait.

Mais de même que pour le football, il n’avait aucune aptitude pour le rugby, le tennis ou le judo ; les régulières et redoutées tentatives paternelles pour allumer une flamme sportive restaient vouées à l’échec.

Sa mère lui disait bien que ce n’était pas grave, il sentait au fond de lui que ses parents auraient préféré un enfant plus brillant. Même pour les devoirs scolaires, il n’était pas très doué.

Heureusement, sa grand-mère paternelle le gardait tous les mercredis.

Paul attendait cette éclaircie hebdomadaire avec impatience.

Car cette mamie-là, il l’adorait.

Elle non plus n’était pas comme les autres.

D’abord, elle était toujours gaie et s’habillait uniquement avec des couleurs vives, contrairement aux autres personnes de son âge.

Elle parlait fort et se moquait impunément de ce que les gens pouvaient penser d’elle.

Veuve depuis de nombreuses années, elle avait décidé de profiter de la vie et de gâter son petit-fils.

Et elle ne s’en privait pas.

Enfin, elle l’aimait tel qu’il était et ne cherchait surtout pas à le changer.

Un de ces mercredis bénis, ils prirent un taxi, qui les transporta devant un grand bâtiment à la façade sculptée.

Sa grand-mère descendit du véhicule et lui dit :

- Paul, je te présente l’Opéra de Paris. Nous allons voir un ballet : le Lac des Cygnes.

 

En son for intérieur, il se demanda s’il s’agissait là d’un zoo, puisque sa grand-mère parlait d’animaux et puis, que voulait dire cette histoire de balais ?

Mais comme il était occupé à la suivre, alors qu’elle marchait à grands pas vers l’entrée du bâtiment, il n’eut pas le loisir de lui poser des questions.

Et d’ailleurs, à peine à l’intérieur, il eut le souffle coupé, tandis que ses yeux s’écarquillaient : partout où se posait son regard, il y avait des dorures, des statues et des sculptures.

Au milieu de ces splendeurs, ondoyait un monumental escalier en pierre.

Certainement, il se trouvait dans l’un de ces endroits importants, où seuls les adultes ont le droit d’aller. Il remarqua alors qu’il était le seul enfant parmi la foule bien habillée, qui pénétrait dans le vaste hall, où scintillait une multitude de petites lumières dorées.

Pour une fois, il ressentit une certaine fierté de n’être pas comme les autres enfants.

Il suivit sa grand-mère, qui commençait à monter l’escalier et gravit chaque marche avec le sentiment d’être dans un endroit d’exception et qu’il allait vivre un moment d’exception, lui aussi.

Ils pénétrèrent enfin dans une loge et sa grand-mère lui fit signe de s’asseoir devant un balcon.

Là encore, ce ne fut qu’émerveillement : devant ses yeux ébahis, apparut une grande scène, à moitié occultée par un lourd rideau, faisant face à des fauteuils en velours incarnat et à d’autres loges avec balcon, comme celle où il était installé.

Dans la fosse, juste devant la scène, se tenait un orchestre entier, occupé à accorder ses instruments.

La foule, qu’il avait vue dans l’entrée, était maintenant en train de s’installer dans les fauteuils rouges.

Sa grand-mère lui tendit un feuillet, qu’elle lui présenta comme « le livret ».

Ce feuillet racontait une histoire, qui parlait d’un prince et d’une jeune fille se transformant en cygne le jour et redevenant humaine la nuit à cause d’un sortilège.

Au bout de quelques minutes, les lumières s’éteignirent, le brouhaha cessa comme par magie et le lourd rideau se leva.

Alors, commença pour Paul le plus beau des voyages, bercé par une musique, dont les premières notes le transportèrent.

Il découvrit la grâce de la douce Odette, s’identifia au courageux et élégant Prince Siegfried. Il s’indigna devant la traîtrise du sorcier Von Rothbart et pleura sur la fin tragique des amoureux.

Ce soir-là, lorsque sa grand-mère le ramena chez ses parents, il se sentait toujours comme un petit garçon pas comme les autres. Mais il était heureux, parce qu’il savait maintenant qu’il voulait apprendre la danse classique pour pouvoir devenir un prince, un oiseau ou un elfe, porté par des musiques magiques.

Et bien plus tard, il devint effectivement l’un de nos plus grands danseurs étoiles contemporains.

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