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Bienvenue dans mon petit monde. Je dédie ce blog à tous ceux qui, comme moi, aimeraient que tout commence par " il était une fois...". De la lecture à l'écriture, il n'y a qu'un pas, dit-on. Certes, mais il n'est pas aisé à accomplir. Et à quoi servirait d'écrire si ce n'était que pour soi ? Alors, je vous propose de venir découvrir des extraits de mes livres, mes nouvelles et mes poèmes. Humour, tragédie, Fantasy, j'espère que vous trouverez un univers qui vous correspond. Et n'hésitez pas à me laisser un petit commentaire. SOPHIE

RÉCIT D'ARTHUS : BRIARÉE OU LE SECRET DE LA VIE ETERNELLE

RÉCIT D'ARTHUS : BRIARÉE OU LE SECRET DE LA VIE ETERNELLE

Ollandis, la Merveille des Merveilles : ses jardins suspendus, ses palais blancs effilés érigés vers le ciel, sa bibliothèque sans nulle autre pareille et son peuple opulent et raffiné !

 

Cette belle cité abritait celle qui compta le plus, comme tu dis, pour moi : Briarée appartenait à l’une des plus grandes Yanariss  -ainsi nomme-t-on les riches et puissantes familles d’Ollandis- et je l’ai rencontrée à la Cour du Haut Roi. Belle, intelligente et savante -car ce peuple instruit de même  garçons et filles-  elle représentait la perfection faite femme aux yeux de beaucoup, mais il semblait qu’aucun de ses nombreux prétendants n’avait trouvé grâce auprès d’elle. Elle était aussi pleine de vie, avide de connaissances et se passionna immédiatement pour mes recherches, particulièrement pour celles portant sur la médecine et les plantes rares. Moi, qui  n’avais été attiré par aucune  femme jusque-là,  je fus totalement subjugué d’abord par son esprit brillant, sa hardiesse, son impertinence et, je dois bien l’avouer,  aussi par ses  perfections physiques. Et contre toute attente, elle répondit à mes timides avances, les devançant même au-delà de mes espérances. Je découvris avec elle aussi bien les voluptés de l’amour physique, que la certitude d’avoir trouvé ma sœur de cœur et d’esprit. J’étais amoureux comme un adolescent et heureux comme il n’est pas permis. Briarée montrait un tel intérêt pour mes travaux que je lui divulguai fièrement chacune de mes avancées, désireux de partager avec elle ce qui avait été, jusque-là, l’unique but de mon existence.  Aveuglé par la passion qu’elle m’inspirait, je n’avais pas compris qu’elle menait des recherches de son côté depuis longtemps déjà. Mes travaux lui furent utiles, mais je veux croire qu’elle m’a aimé à sa façon, même si elle m’a manipulé à desseins.

 

Car ma trop belle Briarée était en quête d’une utopie : la jeunesse,  la vie éternelle ! Rien que cela ! C’était devenu une obsession !

 

Lorsque je réalisai enfin, j’eus peur pour elle et tentai de la mettre en garde. L’alchimie peut être infiniment dangereuse et ses effets sont parfois imprévisibles. Tantôt, elle riait de mes craintes et étouffait par des baisers mes inquiétudes, tantôt, elle me regardait comme un ennemi prêt à lui dérober ce qu’elle s’apprêtait à découvrir. Car elle parvint à fabriquer un élixir. J’étais à la foi ébloui par sa science et affolé, pressentant quelque terrible malheur. Mais avant que j’aie eu le temps de l’en empêcher, elle testa le breuvage sur elle-même, m’avertissant que son corps serait inanimé le temps qu’il absorbe les effets de la drogue, mais lorsqu’elle s’éveillerait, elle préparerait une dose pour moi.  Et nous serions tous deux à l’abri de la vieillesse et de la maladie ! Comme elle l’avait prédit, elle tomba peu après en catalepsie.  Elle resta ainsi plusieurs jours et plusieurs nuits. Je ne la quittai pas. Enfin, elle se réveilla : mon soulagement et ma joie se transformèrent bientôt en effroi : la raison avait quitté son esprit. Elle ne me reconnaissait plus ; elle était devenue comme un animal sauvage. Elle ne s’exprimait plus que par des cris, frappant, griffant, mordant. Accablé, je passai désormais mes jours et mes nuits à chercher un remède. Ce fut une quête qui dura de longues années !

 

Arthus s’interrompit, soudain perdu dans ses souvenirs. Au bout d’un instant, Méroch ne put d’empêcher de lui demander :

 

- Et as-tu réussi ?

Arthus eut un rire sans joie :

- Briarée est morte à un âge avancé, sans que j’aie osé défaire ce qui avait été fait. Elle avait atteint son but ; sa jeunesse et sa beauté sont demeurées intactes jusqu’au bout : le temps n’avait plus de prise sur elle. Mais le prix à payer fut bien lourd. Ce qui faisait son humanité avait été effacé.  Je suis demeuré près d’elle, m’en occupant  comme si elle avait été mon enfant ; la nourrissant, la lavant, rendant chacune de ses violences par de la tendresse. Grâce à ce qui restait dans la fiole, j’étais assez aisément parvenu à recréer sa formule stoppant le vieillissement du corps. Mais il m’a fallu ensuite très longtemps pour la mettre au point, afin de  préserver aussi l’esprit. Dans son impatience, Briarée avait négligé un détail, infime, mais déterminant.

Lorsque je trouvai enfin la clé, je sus que j’avais devant moi le secret de la vie éternelle. Alors, à nouveau, j’eus peur et j’ai tergiversé durant des jours et des jours. Une existence sans fin est-elle souhaitable, au bout du compte ? La vie ne vaut-elle justement que parce qu’elle est précaire, fragile et, par là-même, infiniment précieuse ? Et si j’étais certain que l’élixir était enfin abouti,  je n’avais aucune assurance qu’il me ramène ma Briarée telle que je l’avais aimée. Et puis tant de temps s’étaient écoulé !  J’appréhendai aussi son regard, lorsqu’elle verrait le vieil homme que j’étais devenu. Je pouvais certes nous rendre éternels, mais je ne pouvais me rajeunir. En réalité, je voulais la garder pour moi seul. Qu’importait si je donnais sans plus recevoir ! Et mes hésitations lui furent fatales. J’étais donc désormais un vieillard affaibli, tandis qu’elle avait conservé toute sa jeunesse, sa vivacité et sa force.

Un soir, elle réussit à s’échapper de la chambre dans laquelle je la protégeais des autres et surtout d’elle-même. Alors que j’entrai chez elle pour lui donner son repas, elle m’assomma avec un barreau, qu’elle avait réussi à desceller, je ne sais comment. Avant que j’aie pu reprendre mes esprits, elle s’était enfuie.  Mort d’inquiétude, je lançai à sa recherche les gardes qui étaient à mon service. En voulant leur échapper, elle est tombée d’un haut balcon et s’est rompu le cou. Je lui ai fermé les yeux en pleurant ; jamais elle n’avait été aussi belle !

Méroch examina soudain Arthus avec attention et s’enquit, avec un brin d’hésitation :

- Quel âge as-tu, Arthus ?

 

Arthus haussa les épaules en souriant :

- Ne crois pas que j’aie bu la potion. La perspective de marcher sans fin dans ce monde ne m’avait jamais vraiment séduit, alors le faire sans celle qui a été mon unique amour…. A la mort de Briarée, j’ai tout détruit.  J’étais si désespéré que, comme toi, je ne parvenais plus à envisager de continuer à vivre ! J’ai plus que songé à mettre fin à ma peine : le poison était prêt, mais il était dit qu’il n’était pas encore temps.

 

- Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ? le questionna Méroch  avec fièvre. La peur de mourir ?

 

- Non, bien sûr que non. C’est une vieille reine qui sut trouver les mots. La première épouse de Barnabas, Néirémée, avait été jadis réputée pour sa beauté et sa grande bonté. J’ai été son omey tout le temps que j’ai passé à Ollandis et je crois pouvoir dire que nous étions amis. Le Haut Roi a eu d’autres épouses après elle, mais il a conservé intacte l’affection qu’il éprouvait pour elle lorsqu’elle était encore jeune et belle et a toujours voulu le meilleur pour elle. Elle ressemblait physiquement un peu à Briarée et à l’idée que je m’étais faite de ma bien-aimée, si l’âge l’avait rattrapée. Néirémée était atteinte d’une maladie articulaire très douloureuse, à laquelle  j’avais réussi  à trouver un remède qui, sans la guérir totalement, la soulageait efficacement. Elle m’en avait toujours été reconnaissante et, apprenant mon désespoir, elle vint me rendre visite, quelques jours après la mort de mon aimée. C’est elle qui m’a convaincu de consacrer les années qui me restent à chercher d’autres remèdes aux souffrances physiques des hommes. C’est elle qui m’a fait comprendre que chacun à un rôle à jouer, petit ou grand, avant de quitter ce monde en paix. 

 

 


 

EXTRAIT DE LA LEGENDE DU NORSGAAT - LIVRE I : LA TERRE, MEROCH

EDITIONS DU MASQUE D OR - AMAZON & KOBO

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E
Bonsoir bienvenue dans la communauté jolie blog je me suis inscrite pour suivre bon week-end Evy
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