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Bienvenue dans mon petit monde. Je dédie ce blog à tous ceux qui, comme moi, aimeraient que tout commence par " il était une fois...". De la lecture à l'écriture, il n'y a qu'un pas, dit-on. Certes, mais il n'est pas aisé à accomplir. Et à quoi servirait d'écrire si ce n'était que pour soi ? Alors, je vous propose de venir découvrir des extraits de mes livres, mes nouvelles et mes poèmes. Humour, tragédie, Fantasy, j'espère que vous trouverez un univers qui vous correspond. Et n'hésitez pas à me laisser un petit commentaire. SOPHIE

LE VOYAGE

LE VOYAGE

Paul était un petit garçon solitaire.

Sa maman était partie au ciel depuis un an déjà et son papa, toujours triste depuis, travaillait énormément. Ce dernier avait une mercerie qu’il tenait ouverte tous les jours, même le dimanche. Paul aurait voulu qu’il lui parle de sa maman, mais les rares fois où il le lui avait demandé, il avait eu l’air si malheureux qu’il n’avait pas insisté.

Le petit garçon n’avait pas d’ami à qui se confier : à la récréation, personne ne venait le chercher pour jouer; certains enfants se moquaient même de lui parce qu’il était le plus petit de la classe et le plus menu.

Un matin, alors que Paul se rendait justement à l’école, Ballon Rouge est entré dans sa vie. A premier vue, c’était un ballon de baudruche tout ce qu’il y a d’ordinaire : il était d’une belle couleur écarlate et muni d’une fine cordelette blanche. Ce qui était moins banal, c’est qu’il était accroché presque au sommet d’un réverbère. Paul avait dû grimper haut pour l'en détacher. Très vite, le petit garçon avait compris que ce n’était pas un ballon si ordinaire que cela. Il n’avait pas besoin de le tenir par la ficelle : tel un chien fidèle, le ballon rouge le suivait où qu’il aille. Il savait également écouter attentivement Paul lorsque ce dernier parlait de sa maman et de la peur qu’il avait de ne plus se souvenir de son doux visage, d’oublier les jolies choses qu’elle lui avait dites, les promenades qu’ils avaient faites ensemble.

Paul avait enfin un ami fiable, fidèle et discret.

Mais un jour, alors qu’il se promenait dans un parc avec Ballon Rouge, des garçons avaient tenté de lui voler et, se le disputant, ils avaient fini par le faire éclater.

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Son ami Ballon Rouge n’est plus qu’un morceau de caoutchouc inerte gisant sur le sol, anéanti par la jalousie des autres enfants.

Paul est si triste qu’il n’a même pas la force de pleurer. Il s’assied, ramène ses genoux contre sa poitrine, pose sa tête devenue lourde et douloureuse. Jamais plus, il n’aura d’ami à qui parler de sa maman et lui confier combien elle lui manque.

Il sait qu’elle est au ciel, mais le ciel est si grand et il se sent si petit ! Il relève la tête  pour regarder les nuages. Il se dit que s’il y croit très fort, le visage de maman va se dessiner dans les nuées. Mais ce n’est pas les traits tant aimés qu’il y découvre : à la place,  des centaines de ballons  flottent gaiement et se dirigent résolument vers lui. Il se relève alors et tend la main vers eux, incrédule. Bientôt, il est entouré par une forêt de ballons de baudruche, formant autour de lui un artifice multicolore, silencieux et magnifique. Il y en a des rouges, comme son ami perdu, mais aussi des bleus, des verts, des jaunes,  des roses, des violets etc. Sans doute que toutes les couleurs de l’arc en ciel sont ici réunies ! Les ballons ont tous une cordelette blanche, exactement comme celle de Ballon Rouge. Paul en saisit une, puis deux, puis trois, puis dix, puis cent. Soudain, il sent qu’il décolle doucement : il n’a pas peur, même s’il s’élève de plus en plus haut. Il ne craint pas de tomber, car il se sent porté par une force puissante et bienveillante : de là-haut, il voit Montmartre et le Sacré Cœur, puis bien d’autres quartiers de Paris qu’il ne connait pas. Il aperçoit même la Tour Eiffel : il avait été lui rendre visite quand maman était encore là  et que papa était heureux. Et  il avait vu tout Paris depuis le dernier étage. Quelle belle journée ils avaient passé tous les trois !

Bientôt, Paul constate qu’il est maintenant bien plus haut au-dessus de Paris que depuis la Tour Eiffel. Il comprend que les ballons attendent qu’il décide de la direction à prendre, car ils flottent sans bouger dans un sens ou dans l’autre. Le petit garçon réfléchit et soudain, il sait parfaitement où il veut aller. Il demande poliment aux ballons de le conduire chez Grand-mère : la maman de sa maman habite loin  à la Campagne. Il ne se souvient pas du nom de son village, car il n’y est pas retourné depuis que maman est partie, mais les ballons, eux,  ont l’air de savoir où aller car,  aussitôt après,  ils  se déplacent sans hésiter.

Paul survole ainsi des immeubles, une gare, puis de grandes routes, d’autres plus petites ; des champs font leur apparition, des petits villages avec leur église au toit pointu et des maisons minuscules blotties tout autour. Le vent caresse le visage du petit garçon comme pour le cajoler, le soleil le réchauffe agréablement et il n’a pas froid. Pour la première fois depuis longtemps, il se sent même si bien qu’il sourit à pleines fossettes.

Enfin, les ballons perdent doucement de l’altitude et Paul reconnait la cour de la  petite ferme où habite Grand-mère. Cette dernière est d’ailleurs dans le potager. Elle lève la tête et met sa main en visière pour protéger ses yeux du soleil. Elle ouvre aussi la bouche de stupéfaction. Paul atterrit juste à côté d’elle et il lui dit simplement :

- Bonjour, Grand-mère.

Il lâche alors les cordelettes et tous les ballons s’écartent pour reprendre leur envol.

Paul leur fait un petit signe de la main, tandis qu’ils s’éloignent. Il n’est pas triste du tout de les voir partir. Il a compris que c’était sa maman qui lui avait envoyé Ballon Rouge, puis tous les autres ballons. Le vent était un baiser de sa part sur sa joue, le soleil, une caresse.

Grand-mère est une femme gentille et compréhensive, mais elle pose quand même quelques questions. Paul répond le mieux qu’il peut et elle hoche la tête à plusieurs reprises. Puis elle prend la main de l’enfant et le conduit jusqu’à sa maison. Dans la grande cuisine, elle lui prépare un bon chocolat chaud et découpe dans un gros pain une épaisse  tranche qu’elle tartine généreusement de beurre et de confiture.

Quand Paul est rassasié, elle ouvre la porte d’une armoire et en sort une grande boite en fer. Dedans, il y a beaucoup de photographies que Paul n’a jamais vues. Grand- mère en sort tout un tas qu’elle pose sur la table et dit, en montrant la première :

Ta maman devait avoir un an. Elle était souriante et si sage !

Elle en pose une seconde sur la table et commente :

Sur celle-ci, elle avait à peu près ton âge et je trouve que tu lui ressembles beaucoup !

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Paul est resté quelques jours chez Grand-mère. Puis papa est venu le chercher.

Mais d’abord, il a longuement discuté avec Grand-mère.

Et quand ils sont repartis, beaucoup de choses avaient changé : d’abord papa n’était plus triste, comme avant. Il avait serré Paul dans ses bras et lui avait promis que, dorénavant, il passerait beaucoup plus de temps avec lui. Qu’ensuite, ils viendraient voir grand-mère tous les weekends. Et qu’enfin, l’été prochain, ils feraient un grand voyage tous les deux. Quand la maman de Paul était encore là, ils s’étaient promis d’aller à la Montagne. Alors, en souvenir d’elle, ils iraient dans les Pyrénées.

Et là-bas, ils feraient s’envoler cent ballons de toutes les couleurs.

Nouvelle inspirée par Le Ballon Rouge - Albert LAMORISSE

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